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Ronces Blanches et Roses Rouges

Couverture du livre Ronces Blanches et Roses Rouges de Laetitia ArnouldVoici enfin mon avis sur le premier né des Editions Magic Mirror, le fameux Ronces Blanches et Roses Rouges, de Laetitia Arnould dont je vous avais déjà parlé dans cet article !

Il s’agit d’une réécriture de conte, basée sur l’histoire de Blanche-Neige et Rose-Rouge. Ce conte aujourd’hui oublié par beaucoup, est une histoire merveilleuse. Il raconte l’histoire de deux sœurs inséparables, Blanche-Neige et Rose-Rouge, qui par un hiver très rude devinrent amies avec un ours. Or, cet ours était en réalité un prince, ensorcelé par un nain. Après moult péripéties, à la mort de ce dernier, l’ours redevint homme et épousa une des deux sœurs ; la seconde épousa son frère. Vous pouvez retrouver le conte dans son intégralité ici, mais aussi en annexe, à la fin du roman de Laetitia Arnoult.

Mais revenons à notre roman et à son intrigue.

Sans souvenir de leur enfance, Sirona et sa jeune sœur Eloane vivent paisiblement dans une chaumière, sous la tutelle de l’autoritaire et étrange Madame Whitecombe. Jusqu’au jour où Madame Whitecombe décide de fiancer Sirona, bon gré, mal gré. Incapable de s’y résoudre, la jeune fille décide alors de fuir, laissant derrière elle sa sœur. Au détour d’une forêt interminable, Sirona est capturée par d’horribles créatures, et se retrouve dans un étrange château où la nuit semble éternelle, et la musique enchanteresse… Mais qui est ce mystérieux pianiste qui semble envoûter la jeune fille ? Sirona saura-t-elle entendre les cris de l’ours qui sent venir un grand danger ? Parviendra-t-elle à sauver Eloane des griffes de Madame Whitecombe ? Et surtout parviendront-elles, au fil des ronces blanches et des roses rouges, à retrouver leur passé perdu ?

Commençons par la forme…

Ce roman est avant toute chose porté par la plume de Laetitia Arnould. Je n’ai encore lu aucun autre livre de cette jeune auteure française, mais je peux d’ores et déjà vous dire qu’elle a un très beau style. Poétique et avec un vocabulaire très soigné, elle va chercher le merveilleux jusque dans les moindres détails : les noms des chapitres eux-mêmes sont particuliers, et chacun a droit à sa petite introduction poétique… Pour preuve, un aperçu de la table des matières :

Table des matières du livre Ronces Blanches et Roses Rouges

Vous pouvez la suivre sur sa page facebook ou son site internet.

Quant à la couverture… Que dire ? Elle est juste magnifique ! Les couleurs, les jeux de lumière, l’ambiance mystérieuse rendue par la vision du château au clair de lune, à travers la tempête de neige, avec Sirona de dos au premier plan… Et évidemment, les ronces blanches, et les roses rouges ! J’aime énormément cette couverture, l’illustratrice Mina M a fait des merveilles. N’hésitez pas à suivre ses œuvres également, si son style vous plait :  sur sa page facebook ou sa galerie.

Pour ce qui est du fond, je suis un peu plus mitigée…

L’histoire est belle, et à nulle autre pareille. Même le conte dont elle s’inspire ne raconte pas la même.
L’intrigue de tout le roman se noue autour d’un fil rouge : le proverbe « les yeux sont le miroir de l’âme », qui est d’ailleurs la première phrase du livre. En effet, tout le roman joue sur les apparences, auxquelles, selon la morale de cette histoire, il ne faut surtout pas se fier. Métamorphoses et manipulations magiques pavent le chemin emprunté par les deux sœurs au fil de leurs péripéties qui les mèneront, qui à un ours bien trop humain, qui à un fiancé glacial derrière de chaleureux sourires, qui à un nain un peu trop familier… Rien n’est vraiment ce qu’il paraît être à l’exception des deux sœurs.

Le lieu le plus symbolique en matière de subterfuges est le château, où l’auteure fait la part belle à la musique. Une musique envoûtante, qui a le pouvoir de vous faire oublier la noirceur des âmes comme celle des lieux, et de vous faire oublier le passé. Une musique qui vous fait croire en l’amour, là où tout est vide de sentiment. Une musique qui change le fiancé froid et cruel en amant désiré et désirable… Derrière la magie de ces mélodies insidieuses, beaucoup de choses sont cachées, comme le découvrira Sirona jusqu’à la fin de l’histoire.
Malheureusement, j’ai aussi été gênée par un sentiment de longueur pendant la partie du récit qui se déroule au château. Entre les Pluies des Sans-Pourquoi et la musique, le vide reste grand dans ses murs, et finalement les scènes entre le Pianiste et Sirona se répètent, encore et encore, entre hypnose et rejet, entre ennui et adoration. Les scènes fonctionnaient très bien : je me suis peu à peu sentie comme plongée en léthargie avec Sirona. Mais à force, j’avais envie de la secouer, de lui dire « cette fois, ça suffit, tu as compris alors fuis ! ».

Côté ambiance, Laetitia Arnould nous plonge dans un récit à l’atmosphère assez particulière.
Tout d’abord, après un prologue assez troublant, l’auteure nous plonge dans un espace aux repères spatio-temporels effacés : une chaumière dans une forêt, au milieu d’une tempête de neige. Entre le langage un peu désuet « chaumière » et la méconnaissance des deux héroïnes de ce qu’on trouve au-delà de cette mystérieuse forêt, on ne sait donc pas trop à quelle époque ni où situer l’action. Cette impression de flou temporel et géographique auréole souvent les contes, qui souvent se déroulent dans un lieu qui n’est pas spécifié et qui donc pourrait être n’importe où.
A cela s’ajoute une magie omniprésente dans toute l’histoire, parfois reconnue, d’autres fois cachée, qui participe à brouiller les pistes : cette histoire est-elle vraisemblable, ou n’est-ce qu’une histoire pour enfant ? La question de la magie et de son existence est d’ailleurs soulevée tout au long du roman par les personnages, comme pour demander au lecteur : ce livre peut-il être une histoire vraie ? Croyez-vous vous-même en la magie ?
Enfin, toute la partie du récit qui se déroule dans le mystérieux château ajoute une puissante mélancolie au récit, qui finit par être étouffante.
Cette atmosphère est d’ailleurs si prenante que j’en suis ressortie avec un sentiment d’oppression, heureusement allégé par le dénouement. En effet, l’espace où se déroule l’intrigue est très limité. Les lieux sont peu nombreux et répétitifs : la chaumière, la forêt, le château, et ils sont soit fermés, soit obscurcis par la nuit, la tempête de neige, des barrières de ronces ou l’aspect clos d’un bois. Je me suis finalement presque sentie dans un huit clos où, par magie, les personnages sont condamnés à tourner en rond sans fin.

En ce qui concerne les personnages, on a de fortes oppositions.

Commençons par Sirona et Eloane. Ces deux sœurs sont très différentes, tant physiquement que moralement. Sirona se démarque davantage au fil du récit, car c’est finalement elle qui deviendra le personnage principal. Courageuse, elle se sent obligée d’être forte pour sa jeune sœur, c’est ce qui lui permet d’affronter ses épreuves. Ce qui est dommage, et assez rare, c’est que je n’ai pas réussi à m’attacher à elle ; je n’ai pas réussi à l’apprécier et donc à m’identifier à elle. En effet, c’est un personnage très fort dès le début de l’histoire, qui n’évolue pour ainsi dire pas au fil du récit. Bien qu’elle ne puisse pas résister à la magie, elle sait instinctivement voir derrière les apparences, et n’apprendra finalement rien de cette histoire, à part la réponse à la question : la magie existe-t-elle ? Eloane, à l’inverse, est plutôt naïve et croit dur comme fer en la magie. Malheureusement, elle peine à distinguer le vrai du faux, et se fait facilement manipuler par les faux-semblants. C’est elle qui apprendra le plus dans cette histoire, même si ce n’est pas assez mis en avant à mon goût.
On trouve ensuite deux personnages masculins : l’homme-ours Artos, qui est un personnage que j’adore. Doux, protecteur, même en tant qu’ours j’avais déjà craqué. Attachant, il est mon personnage préféré. A l’opposé, le Pianiste, personnage froid, fuyant et manipulateur qui se cache derrière des dehors charmants et souriants, est juste insupportable. La magie devait être sacrément puissante pour que Sirona ne le voie pas ! Mais encore une fois, méfiez-vous des apparences… L’auteure pourrait vous réserver des surprises !
Enfin, on trouve Madame Whitecombe, une personne âcre, mystérieuse et stricte. Elle semble cacher bien des secrets à nos deux sœurs, qui vont longtemps souffrir de sa haine…

Finalement, cette réécriture étonnante m’a plu : si j’ai été un peu dérangée par certaines longueurs et des personnages auxquels je n’ai pas assez accroché, l’histoire est très originale et poétique, un beau moment de lecture…
Ce roman constitue également ma première lecture pour le #PIF, le Printemps de l’Imaginaire Francophone, dont je vous parlais dans cet article.

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Edité aux éditions Magic Mirror, vous pouvez trouver Ronces Blanches et Roses Rouges tant en format papier que numérique. Je note ce livre 3,5/5, l’histoire est belle et enchanteresse, et constitue à mon avis une excellente première parution pour la maison. Et vous, l’avez-vous déjà lu, ou avez-vous envie de le lire ?

A bientôt pour une nouvelle critique !

Chloé

4 réflexions au sujet de « Ronces Blanches et Roses Rouges »

  1. Pas lu, mais ta critique donne envie. Est-ce qu’il y a des dragons ? Ça m’a l’air de manquer un peu de dragons, quand même, tout ça.

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  2. C’est vrai que c’est bien les dragons, avec des souliers magiques qui mangent les pieds des gens ! Bon commentaire ! Tu lis aussi des nouvelles ?

    Bises

    T

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    1. Bonjour ! Mais qu’est-ce que c’est que cette mode de vouloir des dragons partout ? Hé hé !
      En fait, je ne lis plus de nouvelles depuis longtemps, tout simplement parce que j’ai une large préférence pour les bons gros romans, dans lesquels on s’immerge pendant des heures… Mais j’ai dans ma bib’ deux recueils de nouvelles fantastiques… Peut-être en ferai-je un article un de ces quatre?
      Bonne journée ! Bisous

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